Coup de tonnerre dans la sphère politique gabonaise. À peine nommé vice-président lors du congrès du 15 avril 2025, Persis Lionel Essono Ondo annonce sa démission fracassante du parti RÉAGIR. En cause : de graves irrégularités internes et une rupture assumée avec des pratiques qu’il qualifie d’«antidémocratiques ».
Le lundi 14 avril 2025, c’est une déclaration qui a fait l’effet d’un séisme politique au Gabon : Persis Lionel Essono Ondo, figure centrale du parti RÉAGIR, fraîchement désigné vice-président au terme du deuxième congrès ordinaire, a annoncé sa démission « irrévocable » du mouvement politique. Dans un message long, documenté et chargé d’émotion, il dénonce une série de dérives internes et alerte sur une gouvernance du parti qu’il juge autoritaire et contraire aux valeurs démocratiques. « C’est avec un sens aigu des responsabilités que je vous informe de ma décision irrévocable de démissionner du Parti politique RÉAGIR », entame-t-il dans sa déclaration.
Un congrès contesté
L’ancien président par intérim du parti dénonce en premier lieu le déroulement du congrès, qu’il décrit comme une mascarade antidémocratique : citant entre autres, une collégialité bafouée, l’exclusion arbitraire de cadres, et absence de débats contradictoires. « Les multiples irrégularités constatées dans l’organisation et la conduite des travaux […] ont gravement compromis la crédibilité de cette instance suprême de décision », affirme-t-il.
Selon lui, le collège électoral du congrès a été volontairement restreint à des délégués triés sur le volet, écartant arbitrairement des membres statutaires comme les membres du Bureau exécutif et des structures spécialisées (ligues des femmes et des jeunes, instituts de formation, etc.).
Une révision des statuts jugée illégale
Autre grief majeur : la tentative de modification des statuts du parti pour permettre au président sortant de briguer un nouveau mandat malgré une situation d’incompatibilité. Selon Essono Ondo, non seulement cette révision n’a pas été soumise au vote des congressistes, comme l’exige l’article 28.2 des statuts, mais elle violait également l’esprit même des textes fondateurs de RÉAGIR. « Tous les actes sont frappés de nullité, y compris le renouvellement du Bureau Exécutif du parti », martèle-t-il.
Une élection fantoche ?
La composition du nouveau Bureau Exécutif est également remise en cause. Essono Ondo affirme que les membres n’ont pas été élus, mais simplement désignés et présentés au congrès sans aucun vote, en contradiction totale avec les statuts du parti qui prévoient un « scrutin uninominal majoritaire à un tour ». il dénonce de ce fait : « À aucun moment les congressistes n’ont été sollicités pour l’élection du nouveau Bureau Exécutif »,
Une lutte de l’intérieur… jusqu’à l’usure
Dans sa déclaration, Persis Lionel Essono Ondo revient également sur ses sacrifices personnels au service du parti : président par intérim, artisan de la reconstruction de RÉAGIR, initiateur de la précampagne pour le candidat à la présidentielle, Brice Clotaire Oligui Nguema. « Aujourd’hui encore, c’est moi qui suis cité en correctionnel près le tribunal de Libreville […]. Cette procédure illégale et abusive a suffi à me convaincre que l’acharnement ne vient pas de loin », confie-t-il.
Un départ au nom de l’éthique
Derrière cette décision, se profile une rupture morale. Essono Ondo refuse de « cautionner les dérives autoritaires d’un groupe d’individus », et déclare agir en cohérence avec ses convictions. « Toute action politique repose sur un contrat moral. Lorsque ce contrat est rompu, la responsabilité impose d’en tirer les conséquences », conclut-il avec gravité.
Un engagement politique intact
S’il quitte RÉAGIR, Persis Lionel Essono Ondo n’abandonne pas pour autant la scène politique. Il affirme son soutien indéfectible au Président Brice Clotaire Oligui Nguema, fraîchement élu à la tête de l’État, et annonce vouloir continuer à œuvrer pour une alternative politique crédible et respectueuse des principes républicains. « Mon engagement pour les valeurs démocratiques demeure intact », écrit-il, remerciant ceux qui ont partagé son combat « avec loyauté et intégrité ».
Une page se tourne au sein de RÉAGIR.
Le départ de Persis Lionel Essono Ondo, acteur clé de la vie interne du parti, ouvre une période d’incertitude pour la formation politique et pose la question de son avenir démocratique. Reste à savoir si cette démission isolée en appellera d’autres et si elle marquera le début d’un nouveau cycle sur la scène politique nationale.