Le samedi 1ᵉʳ mars 2025, Alfred Nguia Banda, ancien exilé politique, a livré un témoignage poignant sur les raisons qui l’ont contraint à quitter le Gabon dans des circonstances extrêmement éprouvantes. Face à une audience captivée, il a relaté les persécutions dont il a été victime sous le régime d’Ali Bongo Ondimba. Un pouvoir, dit-il, qui se caractérisait par une absence de démocratie, la répression implacable des dissidents, la dilapidation des ressources publiques, des scrutins truqués et des assassinats politiques.
Une nuit de terreur sous le régime Bongo
Selon son récit, son destin a basculé le 23 août 2016, à la veille de la proclamation d’une élection présidentielle frauduleuse destinée à reconduire Ali Bongo à la tête du pays. Ce soir-là, des unités spéciales de la tristement célèbre Direction générale des recherches (DGR), connues pour leur férocité envers les opposants, ont violemment pris d’assaut son domicile. Ce raid nocturne, typique du régime Bongo, s’est transformé en véritable cauchemar : tentative d’assassinat contre lui, saccage et destruction de ses biens(portes et fenêtres défoncées, télévision et mobilier brisés).
Il a fait aussi état d’un vol de 11 millions de francs CFA, 5 000 euros en liquides, des voitures de luxe (Pajero), des vêtements, et une cave à vin vidée.
Tortures infligées à son neveu et à son gardien.
Blessé à la cheville en tentant d’échapper à ses assaillants, il passe la nuit, caché dans une bananeraie, attendant une opportunité pour fuir. Grâce à un réseau de soutien composé de proches, il a été exfiltré vers le Cameroun en septembre 2016, avant de rejoindre Paris. Là-bas, après une opération chirurgicale, il a obtenu l’asile politique et a pu reconstruire sa vie, bien que hanté par l’injustice qu’il avait subie.
Neuf ans d’exil sous la dictature d’Ali Bongo
Durant son exil en France, Alfred Nguia Banda poursuit son combat contre la dictature gabonaise. Sous Ali Bongo,rappelle-t-il, la démocratie était un leurre, avec des élections systématiquement truquées, comme en 2016, où Ali Bongo a usurpé le pouvoir face à Jean Ping, en manipulant les résultats du Haut-Ogooué. Arrestations arbitraires et détentions sans procès d’opposants, de journalistes et d’activistes ; pillage massif des caisses de l’État pendant que la population sombrait dans la misère, disparitions et assassinats politiques pour maintenir un régime dictatorial sont les autres travers dénoncés par l’ancien exilé politique.

Pour Alfred Nguia Banda, ce système n’avait qu’un seul objectif : écraser toute voix dissidente et s’accaparer des richesses du pays au profit d’une oligarchie corrompue.
Un retour marqué par l’espoir, mais aussi par la vigilance
Le 30 août 2023, le coup d’État militaire mettant fin à 14 ans de règne d’Ali Bongo a été une libération nationale, selon Alfred Nguia Banda. Un jour marquant la fin d’un système basé sur la fraude, la répression et la prédation économique. S’il soutient le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, il insiste, néanmoins, sur la nécessité d’un entourage compétent et loyal pour mener à bien les réformes indispensables à la refondation du Gabon. Il se déclare prêt à défendre cette vision, aussi bien sur le territoire national qu’à l’international, notamment en France où il dispose d’un important réseau.
Toutefois, il met en garde contre les tentatives de récupération politique, pointant du doigt certains anciens dignitaires du régime Bongo qui, selon lui, veulent maintenant « prendre Oligui en otage », comme ils l’avaient fait avec Ali Bongo. « Hier, vous avez pris Ali Bongo en otage, et son bilan a été catastrophique. Aujourd’hui, vous voulez faire de même avec Oligui. Mais cette fois, ça ne passera pas », a-t-il averti.
S’agissant de son retour tardif au Gabon, plus d’un an après le coup de libération, il explique que les lourdeurs administratives liées à son statut de réfugié politique en sont la cause. Rentré au bercail, Alfred Nguia Banda s’engage à jouer un rôle actif dans la reconstruction démocratique du Gabon, afin que plus jamais, un citoyen ne soit contraint à l’exil, pour avoir simplement réclamé justice et liberté.