Une assemblée contestataire réunissant les membres d’un collectif militant opposé au processus électoral en cours s’est tenue, le 1er avril, à Lambaréné. Parmi eux, le président du mouvement « Osons pour l’Afrique », figure de proue de cet appel au boycott, accompagné de Steeve Sylvain Ilhaou et de Geoffroy Fifty, également membres actifs de cette mobilisation.
L’objectif de cette rencontre était d’inciter les habitants de Lambaréné à adhérer à leur cause, résumée par le slogan sans équivoque : « Au scrutin du 12 avril 2025, nous boycottons et restons à la maison ! » Marc Ulrick Malekou ne cherche pas, à travers son discours, à semer le trouble, mais revendique un acte de patriotisme en refusant ce qu’il qualifie de « mascarade électorale ». Selon lui, il est impératif d’éradiquer les fléaux qui entravent le développement du Gabon, en particulier le néocolonialisme incarné par les relations franco-africaines ainsi que le système politique en place, qu’il assimile au « Bongo-PDG-CTRI ». Il dénonce avec vigueur l’absence de prise en compte de ces problématiques par les candidats sélectionnés par le pouvoir en place, soulignant que ces sujets ont pourtant suscité de nombreux débats au sein de l’opinion publique.
« La France a trop pillé nos ressources », s’insurge-t-il, mettant en exergue le paradoxe d’un pays aussi riche en ressources naturelles, mais où la majorité de la population vit dans une extrême précarité. Face à ce constat, le collectif prône une prise de conscience citoyenne et multiplie les rencontres afin de sensibiliser les Gabonais aux irrégularités qui, selon lui, entachent le processus électoral. Un seul mot d’ordre : le boycott.
L’ancien candidat déclaré qui s’est finalement rangé derrière Jean Rémy Yama estime que cette élection manque cruellement de transparence et qu’elle est biaisée dès son origine. D’après lui, tout a été orchestré afin d’assurer la victoire du président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, comme en témoigne, selon lui, l’ampleur de la couverture médiatique qui lui est accordée. Le militant panafricaniste en appelle ainsi à une action collective forte : ne pas participer au vote afin de contester le processus dans son ensemble.
Steeve Sylvain Ilhaou, lui aussi ancien candidat déclaré, abonde dans le même sens, rappelant que le coup d’État du 30 août 2023 avait suscité un immense espoir parmi les Gabonais, un espoir qui s’est progressivement mué en désillusion. Selon lui, la promesse de restitution du pouvoir aux civils n’a pas été honorée, trahissant ainsi la confiance du peuple. En évoquant les échecs des scrutins précédents, de 1993 à 2023, il souligne l’indifférence des élites politiques face aux préoccupations réelles des populations.
Le leader du boycott insiste sur l’exploitation des richesses nationales par des puissances étrangères au détriment du peuple gabonais. « C’est avec nos ressources que la France subvient si bien aux besoins de sa population, et pourtant, nous, Gabonais conscients de cette réalité, continuons à soutenir ceux qui perpétuent ces relations inéquitables », martèle-t-il. Il exhorte ainsi ses compatriotes à reconnaître que les candidats en lice pour l’élection présidentielle de 2025 ne défendent pas leurs intérêts.
Marc Ulrick Malekou, journaliste de formation, rappelle enfin les raisons fondamentales de cette mobilisation : « L’élection est mal organisée, le code électoral est biaisé, la Constitution a été taillée sur mesure pour le général Brice Clotaire Oligui Nguema. Dès le départ, tout est faussé », argue-t-il.
Il conclut en précisant que ce mouvement n’est pas l’émanation d’un parti politique, mais d’une coalition engagée dans la lutte contre l’influence française et le système en place. Il s’agit d’un regroupement de citoyens déterminés à œuvrer pour la refondation du Gabon dans le respect des principes démocratiques. Ainsi, pour l’avenir du pays, le collectif exhorte la population à un acte de résistance pacifique : « Restons chez nous ».