samedi, avril 26, 2025
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[Présidentielle 2025 au Gabon] : La candidate Chaning Zenaba Gninga met un accent particulier sur l’indépendance de la justice

Première à passer dans l’émission « Un candidat un projet », sur les médias publics, la candidate à l’élection présidentielle du 12 avril prochain s’est penchée sur la neutralité du pouvoir central face à la justice.

L’indépendance de la justice a toujours constitué un débat dans tous les camps politiques. Pourrait-on un jour arriver à une réelle séparation entre le pouvoir et la justice ? La question a toujours été un nœud de python pour tous les pays, principalement ceux d’Afrique subsaharienne. Le Gabon n’a donc pas le monopole d’une justice soupçonnée d’agir quelque peu sous la dictée du pouvoir en place. Et il n’est un secret pour personne que ce sont d’ailleurs les professionnels de cette importante instance qui réclament leur liberté d’action et une totale indépendance de leur secteur.

Sur ce domaine, la candidate Chaning Zenaba Gninga a reconnu la complexité de l’équation, mais a tout de même annoncé des pistes de solution qu’elle compte réaliser une fois au palais du Bord de mer. Pour elle, la constitution de la République est la première base d’une justice indépendante. « La justice est encore un gros problème dans notre pays. En vérité, je pense, et c’est mon point de vue, qu’aujourd’hui, il y a une ingérence dans la justice. Et ce qu’il faudra faire pour arriver à la séparation des pouvoirs, c’est de faire des réformes fortes pour permettre d’arriver à une justice véritable et impartiale. Je pense que cela a été dit, mais non mise en pratique », a-t-elle reconnu. Pour que cette réforme soit appliquée, une volonté politique devrait accompagner les décisions prises par des lois. La candidate du « Gabon de tous les possibles », pense réellement que la politique est capable de ne pas s’insérer dans les décisions de justice. « Il faudra dire que la justice est là pour que les choses se passent bien pour le pays. Peut-être que cela a toujours été dit, mais cela n’a jamais été notifié », a-t-elle estimé.

Chaning Zenaba Gninga pense réellement qu’il suffit d’une volonté politique pour arriver à séparer les pouvoirs. Mais la chose n’est guère aussi simple. Dans tous les pays, il a toujours été démontré que même si le fait de la séparation des pouvoirs est inscrit dans la loi fondamentale, il n’est pas moins vrai que la justice est très souvent accolée à une administration dominée par la politique. La justice n’est pas seulement victime de l’ingérence politique, mais elle est également dominée par la corruption. Et d’ailleurs, en octobre 2024, lors de l’audience solennelle de la rentrée des cours et tribunaux, qui a ouvert l’année judiciaire 2024-2025 et présidée par le président de la Transition, président du Conseil supérieur de la magistrature, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, le premier président de la Cour de cassation, Julienne Olga Nzamba Massounga Tchikaya, a soulevé le douloureux aspect de la corruption dans le milieu judiciaire. « La lutte contre ce phénomène est sans doute le défi le plus pressant qui se pose à nos administrations. Ce fléau sape l’Etat de droit et le respect des droits humains. Il contribue à aggraver les inégalités, la pauvreté et affecte négativement les valeurs morales d’une société. Il détruit l’intégrité, l’éthique et compromet le fonctionnement optimal de l’Etat, pilier essentiel de toute société démocratique », avait-elle déploré. Ce qui démontre que l’indépendance de la justice n’est pas seulement le fait de l’intrusion du pouvoir dans les actes judiciaires, mais que la corruption et d’autres effets négatifs ont toujours contribué à rendre la justice dépendante.

Et c’est aussi l’avis du procureur général près la Cour de cassation, Bosco Alaba Fall, qui a relevé : « La perception qu’ont les justiciables de notre institution doit nous conduire à améliorer davantage l’image de notre justice, en prenant conscience de la nécessité d’observer les textes de loi et surtout en nous départissant des comportements qui avilissent notre secteur ». Face à ces réalités, vouloir l’indépendance de la justice est facilement envisageable, mais son opérationnalité est loin d’être aisément possible.

Face à toutes ces réalités, que peut prévoir Chaning Zenaba Gninga pour arriver à mettre en pratique sa notion d’indépendance de la justice ? La question est d’autant plus osée que la candidate à la présidentielle aura du mal à juguler cette difficulté par des simples textes de loi. La candidate doit aussi prendre en considération une réalité pérenne, comme disait, en 1990, juste après la Conférence nationale, Pierre Claver Maganga Moussavou: « Au Gabon, ce ne sont pas les textes qui posent problème, mais leur applicabilité ». Les arguments posés par Chaning Zenaba Gninga trouvent déjà leur inapplicabilité par le simple fait de croire qu’un texte de loi soit capable de rendre la justice indépendante. Autant reconnaître que la chienlit a encore de beaux jours au palais de justice.

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