samedi, avril 26, 2025
Accueil : « Nous nous engageons collectivement et individuellement à organiser une élection transparente,...

[Grande interview du ministre de l’Intérieur] : « Nous nous engageons collectivement et individuellement à organiser une élection transparente, juste et crédible »

Ainsi parlait Hermann Immongault dans une interview parue dans l’hebdomadaire « La Loupe » le mercredi 09 avril dernier. Il a sur ses épaules la responsabilité de l’organisation d’une élection de toutes les attentes. Tous les regards sont donc tournés vers lui en cette période. Et pour cause !  Le scrutin de la présidentielle du 12 avril prochain relève de tous les défis : les résultats seront-ils proclamés le même jour ? Les listes électorales, le matériel, les scrutateurs sont-ils prêts et en leur poste ? Voilà les questions qui intéressent les Gabonais. Lecture !

La Loupe Monsieur le ministre, à moins de trois jours du scrutin présidentiel (l’interview a été réalisée le mardi 08 avril dernier, Ndlr), tous les membres des commissions électorales locales et consulaires sont-ils déjà à leurs postes ?

Hermann Immongault : Je peux répondre par l’affirmative à cette question. Il vous souviendra qu’après leur nomination, les membres des bureaux des commissions électorales locales avaient prêté serment devant les juges de la Cour Constitutionnelle à la faveur de deux audiences.  Par la suite, il nous a fallu procéder à des réajustements pour tenir compte de l’indisponibilité de certains membres qui avaient initialement été retenus. En outre, nous avons organisé des séminaires de formation pour qu’ils soient pleinement au fait de toutes les subtilités du nouveau code électoral, et surtout des éléments d’ordre pratique (gestion des opérations électorales avant, pendant et après, etc.). Aujourd’hui donc, ils sont tous en place dans leurs commissions respectives sur le territoire national et à l’étranger. Il convient de rappeler que ce sont au total cent treize (113) commissions électorales qui ont été mises en place, à savoir quatre-vingt-huit (88) au Gabon et  vingt-cinq (25) à l’étranger (13 pour l’Afrique : Afrique du Sud, Benin, Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire, Ethiopie, Ghana, Guinée Equatoriale, Maroc, Rwanda, Sénégal, Togo, Tunisie ;  2 pour l’Amérique : Canada, USA ; 2 pour l’Asie : Arabie Saoudite, Chine ; 8 pour l’Europe : Allemagne, Belgique, Espagne, France, Italie, Russie, Suisse, Türkiye).

La distribution des cartes d’électeurs est en cours. A quand l’acheminement total du matériel électoral pour éviter les dysfonctionnements du passé où le scrutin commençait parfois dans l’après-midi, faute de matériels ou des personnes désignées ?

Toutes les provinces et les missions diplomatiques concernées ont reçu les cartes d’électeurs.  Il est vrai que l’opération de distribution a démarré timidement depuis le 2 avril dernier, mais nous croyons que les populations mettront à profit cette semaine pour se rendre dans les différents centres de vote pour récupérer leurs cartes. Il est également important de relever que, contrairement à ce qui a été fait au référendum, et tirant enseignement de quelques difficultés constatées, notamment en termes d’affluence, nous avons cette fois-ci organisé la distribution des cartes par centre de vote (et non plus par mairie) ; ceci afin de permettre aussi aux électeurs de localiser par la même occasion leur bureau de vote afin de rendre son ralliement encore plus simplifié le jour du scrutin. En ce qui concerne l’acheminent du reste du matériel électoral, il est aussi également sur le point d’être bouclé. Il est effectué par voie terrestre, aérienne et maritime/fluviale.  C’est bien évidemment cette dernière voie qui est parfois la plus complexe, mais nous sommes dans les délais. Sur les horaires d’ouverture, les présidents des commissions ont été sensibilisés à l’impérieuse nécessité d’y veiller scrupuleusement. Ces présidents ont d’ailleurs animé des formations à l’endroit des scrutateurs qui devront être sélectionnés pour composer les bureaux de vote.

Pouvez-vous dire aux Gabonais pour les rassurer que le scrutin du 12 avril sera mieux organisé que par le passé ?

Pour rappel, il convient de relever que nous partons d’une expérience, celle du référendum constitutionnel du 16 novembre 2024. Au cours de ce scrutin, l’organisation mise en place par le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité a permis aux Gabonais de saluer la qualité du travail fourni, même si quelques insuffisances ont été notées.  La même tonalité est venue des missions d’observations nationales et internationales présentes lors de ce référendum. L’unanimité sur la capacité du ministère d’assumer sa compétence exclusive d’organiser les élections est donc indéniable. A cela s’ajoutent les nombreuses réformes apportées par la loi organique n° 001/2025 du 19 janvier 2025 portant Code électoral en République Gabonaise, en vue d’assurer la transparence du scrutin. Ces réformes concernent aussi bien les nouveaux organes  mis en place dans le cadre de l’organisation des élections (la Commission Nationale d’Organisation et de Coordination des Elections et du Référendum et l’Autorité de Contrôle des Elections et du Référendum) que l’obligation faite aux responsables des bureaux de vote et des commissions électorales locales de procéder à l’affichage des procès-verbaux, sitôt les résultats annoncés, bureau de vote par bureau de vote et dans chaque commission électorale. Eu égard à tout ce qui précède, tirant les leçons du passé et mettant à contribution les expériences des uns et des autres, c’est en toute humilité et avec toute la détermination possible que nous avons commencé ce processus que nous espérons à la hauteur des attentes des Gabonais.

Qu’en est-il des observateurs des scrutins ? Certains avancent que l’Union Européenne aurait refusé d’envoyer des observateurs à cette élection. D’autres disent que c’est le gouvernement gabonais qui leur aurait refusé l’accréditation. Qu’en est-il exactement ?

Nous sommes tous d’avis que la présence des observateurs est un facteur supplémentaire, quoi que pas nécessaire, de crédibilisation du processus électoral, en soulignant au passage que de nombreux pays organisent des élections en faisant l’économie d’une telle option. C’est fort de cette conviction que notre pays, à la faveur de la révision de la loi n°07/96 du 12 mars 1996 portant Code électoral en vue de l’organisation du référendum constitutionnel du 16 novembre dernier, a réintégré la disposition permettant au Gouvernement d’inviter les missions d’observation électorale ou de recevoir leur demande d’accréditation en vue d’observer les élections. Cette volonté s’est également matérialisée lors de l’élaboration de la loi organique n°001/2025 du 19 janvier 2025 portant Code électoral en République Gabonaise, en consacrant six (6) articles (de 124 à 129) sur l’observation électorale. Nous ne pouvons donc pas vouloir d’une chose et de son contraire. S’agissant spécifiquement de la mission d’observation de l’Union Européenne, les discussions que nous avons eues avec ses représentants nous ont permis de leur faire part de notre appréciation de la mission d’experts ou d’assistance technique déployée lors du référendum. Le rapport que celle-ci a produit aura d’ailleurs permis la prise en compte dans le nouveau code électoral de la majorité de ses recommandations.  C’est donc dire notre disposition à ce qu’un dispositif similaire soit déployé. Toutefois, nous comprenons les contraintes liées au délai de déploiement d’une mission d’observation à proprement parler, puisque celle-ci prendrait près de six (6) mois avant d’être effective, alors que la date de l’élection présidentielle a été fixée dans un délai relativement court. Il ne s’agit donc nullement de notre refus de voir la présence de l’Union Européenne, mais de nous en tenir à ce que ses propres textes prévoient en pareilles circonstances (délais de déploiement). Qu’à cela ne tienne, d’autres missions seront présentes (Organisation des Nations Unies, Union Africaine, Organisation Internationale de la Francophonie, Commonwealth, CEEAC, USA, Canada, Grande Bretagne, Australie, etc.). Ce n’est que partie remise.

Le ministre de l’Intérieur est membre d’un gouvernement nommé par un président aujourd’hui candidat à l’élection présidentielle. Comment comptez -vous y prendre pour ne pas être soupçonné de parti pris, de favoritisme en cas de victoire du président de la Transition ?

La loi organique n°001/2025 du 19 janvier 2025 portant Code électoral a prévu la mise en place de l’Autorité de Contrôle des Elections et du Référendum (ACER) dont le rôle est de contrôler l’ensemble des opérations électorales et référendaires. A ce titre, elle veille, en particulier, à leur bonne organisation matérielle et propose les correctifs nécessaires à tout dysfonctionnement constaté. Elle s’assure du respect de la loi électorale notamment la régularité, la transparence, la sincérité des scrutins en garantissant aux électeurs ainsi qu’aux candidats en présence, le libre exercice de leurs droits. Comme vous pouvez le constater, tous les actes pris par le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité que je suis, ou par les démembrements du ministère de l’Intérieur, tels que la Commission Nationale d’Organisation et de Coordination des Elections et du Référendum (CNOCER) et les commissions électorales locales, sont et seront contrôlés par l’ACER.

La fiabilité de la liste électorale a toujours fait débat et les résultats sortis des urnes contestées. Quelles sont les dispositions qui ont été prises pour que les résultats de l’élection présidentielle prochaine soient crédibles aux yeux de tout le monde ?

L’affichage des procès-verbaux bureau de vote par bureau de vote et devant chaque commission électorale locale, ainsi que le rôle de l’ACER, dotée du pouvoir de contrôle élargi à la saisine des juridictions en cas d’irrégularités constatées, sont autant de garanties de transparence et de crédibilité de l’élection présidentielle du 12 avril prochain.

Quel message fort aux populations gabonaises au moment où votre Département ministériel est de nouveau la principale attraction concernant l’organisation avec ses démembrements des élections au Gabon ?

Tout simplement les rassurer sur notre engagement collectif et individuel à organiser une élection qui soit transparente, juste et apaisée. Le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité, tout autant que les ministères membres de la CNOCER, a pleinement conscience de cet enjeu et tout est mis pour que nous y parvenions en toute crédibilité. Mais seuls, nous ne pourrons pas ; l’engagement et le sens civique et patriotique des populations sont la condition sine qua non de la réussite de ce challenge.

GabonAlph24
GabonAlph24https://news.perfectdesign21.com
Graphic Designer & Webmaster!
RELATED ARTICLES

Most Popular

Recent Comments