Le vice-président et cofondateur du parti, M. Persis Lionel Essono Ondo, a annoncé le lundi 14 avril 2025 qu’il quittait définitivement le Parti. Dans une lettre très critique adressée aux dirigeants, aux militants et aux sympathisants, il dénonce une série de dérives graves au sein du mouvement.
Pour comprendre la portée du geste de l’intéressé, il faut rappeler que le Parti REAGIR connaît une crise depuis la fin de l’année 2024, laquelle a eu pour conséquence une scission entre une aile dite légitimiste conduite par l’ancien Secrétaire Exécutif, Jean Valentin Leyama, Député de la Transition et l’aile dissidente conduite par François Ndong Obiang, 1er Vice-président de l’Assemblée nationale de la Transition, Persis Essono Ondo appartenant à cette dernière branche. À la première crise au sein du Parti, s’est donc ajoutée une autre au sein de l’aile dissidente.
Persis Lionel Essono Ondo reproche, notamment, à François Ndong Obiang président statutaire du parti REAGIR de ne pas respecter ses propres règles, de faire preuve d’autoritarisme, et d’avoir organisé un congrès qu’il qualifie de « bidon » et « anti-démocratique ». Selon lui, ce congrès aurait dû être un moment pour renforcer la démocratie interne, mais il n’a été qu’une mise en scène truffée d’irrégularités. Il parle notamment d’un collège électoral mal constitué et d’une révision des statuts faite sans respecter les procédures internes.
Dans sa missive incendiaire, Essono Ondo accuse la direction d’avoir manipulé les règles pour permettre au président sortant de rester à son poste, alors qu’il occupe aussi la fonction de Premier Vice-président de l’Assemblée nationale de transition, qui serait incompatible selon lui avec les fonctions de président du parti. Il dénonce aussi la suppression de la limitation des mandats, qu’il compare aux pratiques des régimes autoritaires contre lesquels le parti était censé lutter.
En plus de ces critiques internes, Persis Lionel Essono Ondo révèle qu’il est poursuivi en justice pour « faux et usage de faux », à cause d’un cachet qu’il aurait utilisé lorsqu’il était président par intérim. Il affirme que cette plainte est injuste et qu’il n’a fait qu’appliquer une décision écrite du président légitime du parti.
« Je ne veux pas être le paillasson d’un petit groupe de profiteurs »
Sur un ton qui lui est propre, Persis Lionel Essono Ondo explique que sa décision est motivée par le besoin de rester fidèle à ses convictions, de protéger sa famille et de ne pas se laisser instrumentaliser. Il accuse un petit groupe au sein de REAGIR de vouloir utiliser le parti pour atteindre le pouvoir sans respecter les valeurs de base. Et de déclarer : « Je ne veux pas être le paillasson d’un petit groupe de profiteurs ».
Ce départ risque de secouer sérieusement le parti REAGIR, qui avait joué un rôle important dans la campagne présidentielle. Il montre aussi que les tensions et les divisions refont surface, après la scission intervenue en décembre dernier. La lutte pour le pouvoir et l’interprétation des statuts du parti ont conduit à une fracture, créant deux tendances. D’un côté, l’aile Jean Valentin Leyama et de l’autre défendue par François Ndong Obiang. Face à ce méli-mélo, Persis Lionel Essono Ondo va-t-il créer une troisième tendance ? Rien n’est encore décidé, selon les proches de celui-ci. Mais le démissionnaire déclare pour le moment qu’il continue de soutenir le président Brice Clotaire Oligui Nguema et qu’il restera engagé pour la démocratie et l’intérêt général.