Les représentants légaux de la famille Bongo ont fustigé, mardi 1er avril, le mutisme de la France ainsi que son « indulgence » face aux sévices qu’auraient subis, selon eux, l’ex-première dame, Sylvia Bongo et son fils Noureddin, en « captivité inhumaine et illicite » depuis la prise de pouvoir d’août 2023.
« Les instances françaises ont été alertées, mais persistent à garder un silence accablant. Ils sont de nationalité française, les autorités ont l’obligation et la responsabilité de veiller au respect de leurs droits », a déclaré Catalina de la Sota lors d’un point de presse. « L’absence de réaction de la France s’apparente à une forme d’aval, ce que le Gabon exploite pour influencer l’opinion publique », a ajouté son collègue François Zimeray. Les avocats soutiennent que leurs clients portent les stigmates de sévices destinés, selon eux, à les contraindre à parapher sous la contrainte des cessions de biens ou des instructions de transferts financiers « au profit du général Oligui et de ses proches ».
« La problématique des relations diplomatiques est délicate, mais il est question ici des droits fondamentaux », a annoncé pour sa part Me Zimeray, expliquant avoir exhorté la justice française, qui mène une enquête pour « détention arbitraire », à élargir ses investigations en y incluant le « délit d’omission de dénonciation de crime » à l’encontre des instances consulaires.
Selon la défense de Sylvia et Nourredin Bongo, le général Brice Oligui Nguema, dirigeant de la junte qui a évincé la famille Bongo, a récemment nié toute forme de sévices infligés aux deux détenus et assuré qu’ils bénéficieraient d’un « jugement impartial », dans un entretien accordé à des médias français en amont de l’élection présidentielle prévue le 12 avril.
« Si on a réussi à faire un coup d’Etat sans effusion de sang, ce n’est pas deux individus qui seront torturés dans ce pays. (…) La preuve, c’est que vous avez vos responsables à l’ambassade qui leur rendent visite en prison. Posez-leur la question. Il n’y a aucune marque de torture sur leurs corps », avait déclaré Brice Clotaire Oligui Nguema sur France 24 et RFI.