L’interpellation du lanceur d’alerte Novelas Overmax, suivie de son incarcération à la maison d’arrêt de Libreville, continue de susciter des frustrations, étonnements et interrogations au sein de la société gabonaise. L’affaire met en lumière des dysfonctionnements bien connus de tous du système hospitalier public : accueil défaillant, pharmacies vides, délais de prise en charge rallongés faute de paiement… Autant de réalités qui, bien que dénoncées de longues dates, semblent toujours des tabous pour initiés.
Depuis plusieurs années, la qualité des services hospitaliers au Gabon est des plus décriés. Les enquêtes menées sur le terrain et les témoignages d’usagers convergent vers un constat alarmant : les patients font face à de nombreuses difficultés, souvent jusqu’à la perte de leurs vies. La vidéo publiée par Novelas Overmax, sur les réseaux sociaux, n’a fait que confirmer ces problématiques, notamment la question cruciale des coupures d’électricité dans les hôpitaux.
Comme une guerre de clochers
Poursuivi pour avoir diffuser une « fausse information », dénonçant l’absence de groupes de relai électrique, alors que, selon les administrateurs de l’unité sanitaire, les groupes électrogènes existeraient bel et bien au sein de la plus grande structure de santé du pays. Pour le commun des Gabonais, si l’existence de ces groupes électrogènes est avérée, pourquoi mettent-ils parfois entre dix et vingt minutes, et même plus, à prendre le relai ? Ce laps de temps ne peut-il pas être fatal à un patient subissant une intervention chirurgicale ? Une véritable guerre de clochers dont le camp le plus faible subit la loi du plus fort. Car, loin de répondre aux préoccupations décriées, les autorités hospitalières ont préféré concentrer leurs efforts sur la décrédibilisation du lanceur d’alerte, mobilisant à la fois politiques, médias et appareil judiciaire pour se donner bonne contenance et affirmer que les propos de l’activiste étaient infondés.
Cette réaction pose un problème de fond : la priorité des structures hospitalières est-elle d’améliorer les conditions de prise en charge des patients ou de museler une population abusée ? Une telle répression des voix discordantes ne risque-t-elle pas de dissuader d’autres citoyens qui pourrait, signaler des dysfonctionnements, dont leur correction serait pourtant essentielle ?
La transition en cours au Gabon devrait être une opportunité pour repenser le service public et garantir un accès aux soins dignes et efficaces pour tous. Or, la gestion de cette affaire laisse planer un doute sur la volonté réelle de changement. Si la critique est un moteur de progrès, parce que permettant de corriger les avaries et autres défectuosités, alors pourquoi tenter de réduire la population au silence ? Aux autorités de prouver que leur engagement est d’abord pour les citoyens et non pour la protection d’une image institutionnelle, chaotique soit-elle, au détriment de la vérité.