samedi, avril 26, 2025
AccueilActualitéPolitiqueGabon : La mission impossible de JRY

Gabon : La mission impossible de JRY

Toute la République le sait désormais. Jean Rémy Yama n’a pas pu retrouver l’acte de naissance de son père pour constituer son dossier de candidature à l’élection du président de la République. La raison est bien simple, il est impossible que ce dernier en ait eu un, puisqu’à son époque, le Gabon, simple colonie d’Afrique équatoriale française, n’était pas un État souverain qui disposait d’un registre d’État-civil. Cette version des faits paraît logique. Elle coince cependant sur plusieurs aspects.

S’il y a un domaine sur lequel la culture Bantou et le colon avaient du mal à s’accorder, c’est sur la datation des événements. Introduire le calendrier chrétien dans la vie de personnes se repérant dans le temps par les emplacements de leurs plantations, de leurs campements, les départs et les arrivées des personnalités, a été un immense bouleversement de leur manière de rythmer le temps. Eux qui connaissaient plus les lunes que les mois, les saisons météorologiques que les années de 365 jours. Eux pour qui les divisions de l’année tenaient des denrées mises en terre ou récoltées.

 Il a fallu, pourtant, les y conduire de manière stricte, leur faire subir les nouvelles unités de temps en prenant les leurs comme hasardeux repères de départ. D’autant que l’administration coloniale voulait savoir de combien d’hommes valides elle pouvait disposer tout de suite par des razzias, ou dans un futur plus ou moins lointain pour ses besoins de travaux forcés ; combien de jeunes en santé elle pouvait venir arracher à leurs familles par la conscription et alimenter son effort de guerre.

L’âge de la scolarisation, par exemple, était attesté par la capacité de toucher l’oreille gauche en passant le bras droit au-dessus de la tête. Le colon organisait alors des recensements de manière régulière dont il rendait la participation obligatoire. La peur du milicien et de la prison motivant la présence de tous. D’où les nombreuses incongruités biologiques connues d’un cadet de naissance plus âgé sur les papiers que son aîné.

L’explication de tous les « nés vers »

De ce fait, le repère qui était donné en fonction de la plantation qu’on abattait, du campement dans lequel il était né ou du personnage de passage dans la contrée un ou plusieurs jours avant ou après sa naissance, étaient remplacés par un âge apparent pour lui-même et pour ses parents. Pour ne pas être obligé de recommencer, les dates estimées étaient consignées dans un document tenant lieu d’acte de naissance, qui devait être présenté à toute nouvelle sollicitation de l’administration. C’est l’explication de tous les « nés vers ».

Mieux encore, ces ponctuelles opérations de recensement administratif étaient prolongées par les fêtes chrétiennes, plus régulières et plus nombreuses. Elles étaient l’occasion de plus grands rassemblements par les tournées des missionnaires ou par des rassemblements à la Mission. Les informations recueillies sur les carnets de baptême avec la mention obligatoire de l’âge de l’enfant et de celui des parents, alimentaient le registre monographique de l’époque dont certaines préfectures actuelles conservent encore les souches.

Certes, on peut reprocher à cette méthode de n’avoir aucune exactitude. On ne peut, cependant pas, dire que les documents tenant lieu d’acte de naissance n’existaient pas à l’époque. D’ailleurs, si JRY a pu retrouver l’acte de naissance de sa mère qui a vécu à la même époque que son père, sous la même administration coloniale, c’est que ce dernier en avait un lui aussi. Ne pas pouvoir le retrouver du fait d’une mauvaise conservation des archives ou parce que le temps pour le rechercher a été court, comme il le souligne, ne signifie pas qu’il n’a jamais existé.

GabonAlph24
GabonAlph24https://news.perfectdesign21.com
Graphic Designer & Webmaster!
RELATED ARTICLES

Most Popular

Recent Comments