Depuis près de cinq mois, le territoire national, en particulier la capitale Libreville, est plongé dans une crise énergétique d’une ampleur inquiétante. Pas un jour ne se passe sans que les populations ne subissent des coupures d’électricité intempestives, aggravant les conditions de vie et paralysant l’économie. Face à cette situation critique, les autorités tentent de trouver des solutions palliatives, mais le problème semble bien plus profond et structurel.
Cette crise énergétique met en lumière des décennies de mauvaise gestion de l’ancien régime du Parti démocratique gabonais (PDG). La détérioration des infrastructures, le manque d’investissement dans le secteur énergétique et l’absence de véritables politiques de maintenance ont mené le pays à ce marasme. La question de l’électricité s’annonce d’ailleurs comme l’un des sujets majeurs de la prochaine élection présidentielle, chaque candidat va sans doute tenter de capitaliser le mécontentement des populations pour s’attirer un regard particulier des électeurs.
L’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze, dernier chef du gouvernement sous Ali Bongo, déclarait ne pas avoir « l’intention de passer le relais ». Pourtant, l’état actuel du secteur énergétique semble confirmer que les autorités déchues n’avaient ni la capacité ni la volonté de résoudre ces problèmes systémiques.
Les nouvelles autorités face à un défi de taille
Depuis leur prise de pouvoir, les autorités de transition s’efforcent de trouver des solutions pour remettre le pays sur pied. Toutefois, si la question énergétique n’est pas directement liée à leur gestion, la responsabilité de soulager les populations leur incombe désormais. Alors que dans ce contexte, la Société d’Énergie et d’eau du Gabon (SEEG) cristallise la frustration des usagers. Car, malgré la dégradation du service, les factures d’électricité demeurent inchangées, contraignant les consommateurs à payer pour une prestation qu’ils ne reçoivent pas dans son intégralité.
Un silence assourdissant sur les compensations
En principe, lorsqu’un service ne peut être pleinement rendu, il est d’usage que l’entreprise concernée procède à des ajustements tarifaires ou à des compensations pour les clients lésés. Or, la SEEG se contente de publier des programmes de délestage et de présenter ses plates excuses, sans proposer de mesures concrètes pour soulager financièrement les abonnés. Les organisations de défense des droits des consommateurs devraient se saisir de cette problématique afin d’exiger des mesures de compensation adaptées. Il est inadmissible que les usagers continuent de payer des factures intégrales pour un service largement amputé.
Si la situation perdure, la pression populaire pourrait s’intensifier et mettre à mal non seulement l’image de la SEEG, mais aussi la crédibilité des nouvelles autorités. Une réforme en profondeur du secteur énergétique devient plus qu’une urgence, une nécessité vitale pour le redressement du Gabon.