La tension sociale refait surface à la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog), où les salariés, par la voix du Syndicat des travailleurs des industries minières et métallurgiques (STRIMM), dénoncent le non-respect des engagements pris lors de la médiation du ministère du Travail. Dans une lettre adressée à ses collègues le 4 février dernier, Joscelain Lebama, secrétaire général du STRIMM, exprime ses inquiétudes face à la détérioration imminente du climat social au sein de l’entreprise.
Après une période d’accalmie, la situation à Moanda (Haut-Ogooué) pourrait à nouveau se détériorer. En cause, la non-application des recommandations issues du protocole de médiation signé entre les parties prenantes. Parmi les mesures phares figure la cessation des fonctions du directeur du développement durable, exigence qui avait été validée par le ministre du Travail mais ignorée par la direction de Comilog.« Nous faisons face à une situation où les injustices récurrentes et le mépris de nos droits deviennent la norme », déplore Joscelain Lebama. Selon lui, le refus d’appliquer cette directive illustre un manque de considération, non seulement envers les travailleurs, mais aussi envers les autorités gabonaises.
Injustice sociale et marginalisation des cadres gabonais
Outre les différends liés à la médiation, le STRIMM dénonce une mise à l’écart systématique des cadres gabonais au profit des expatriés, une tendance jugée « inacceptable ». Et de s’insurger : « Nous devons restaurer la dignité des travailleurs de Comilog », en appelant à une mobilisation massive pour faire respecter les droits des employés nationaux.
Le syndicat critique également l’attitude de Christel Bories, PDG du groupe Eramet, maison-mère de Comilog, qui, selon Joscelain Lebam, ne répond pas aux préoccupations des travailleurs malgré plusieurs mouvements de grève. « Comment expliquer qu’elle accourt immédiatement lorsqu’un incident ferroviaire survient, mais ignore les revendications légitimes de ses employés ? », interroge le leader syndical.
Le STRIMM prévient que la prochaine réunion de négociations devra impérativement aboutir à des « résultats concrets », notamment une revalorisation salariale et une meilleure prise en compte des revendications des travailleurs. Faute d’accord, le syndicat envisage une reprise des grèves pour faire pression sur la direction générale.
Dans un contexte national marqué par des réformes visant à restaurer la justice sociale, cette crise pourrait devenir un test majeur pour le gouvernement de transition. Les autorités gabonaises, garantes du respect des engagements pris, devront rapidement se positionner pour éviter un nouvel esclandre à Moanda.