Le régime militaire burkinabè a mis en échec une nouvelle tentative de renversement du pouvoir en place. C’est ce qu’a annoncé, le lundi 21 avril dernier, le ministre de la Sécurité, Mahamadou Sana, lors d’une allocution solennelle sur la Radiodiffusion Télévision du Burkina (RTB).
D’après ses déclarations, un groupe de militaires dissidents, agissant de concert avec des factions terroristes, avait planifié une offensive d’envergure contre la présidence du Faso pour le 16 avril 2025. Le plan prévoyait également des assauts synchronisés sur plusieurs localités du pays, dans le but manifeste de semer la déstabilisation et de prendre le contrôle de l’État. Grâce à la réactivité des services de renseignement et à des informations cruciales recueillies en amont, les autorités ont pu anticiper et neutraliser cette menace avant son passage à l’acte. Une enquête a été ouverte pour démanteler l’ensemble du réseau impliqué.
Un pays au passé politique marqué par les coups de force
Cette tentative manquée s’inscrit dans une longue histoire de ruptures brutales du pouvoir au Burkina Faso. Depuis l’indépendance, le pays a connu une série de coups d’État qui ont profondément marqué son paysage institutionnel.
Le plus emblématique demeure celui de 1983, lorsque le capitaine Thomas Sankara accède au pouvoir par les armes, inaugurant une révolution populaire prônant l’autosuffisance et l’intégrité. Quatre ans plus tard, en 1987, il est assassiné lors d’un putsch orchestré par son frère d’armes, Blaise Compaoré, qui dirigera le pays d’une main de fer pendant 27 ans.
En 2014, face à une insurrection populaire provoquée par sa volonté de modifier la Constitution pour se maintenir au pouvoir, Compaoré est contraint de fuir le palais de la présidence de la République. Un gouvernement de transition est mis en place, mais en septembre 2015, un autre coup d’État est tenté par le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), dirigé par le général Gilbert Diendéré. Cette tentative échoue sous la pression populaire et internationale.
En janvier 2022, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba renverse à son tour le président élu Roch Marc Christian Kaboré, invoquant l’incapacité du pouvoir civil à faire face à l’insécurité grandissante due aux attaques djihadistes. Neuf mois plus tard, en septembre 2022, il est lui-même évincé par le capitaine Ibrahim Traoré, l’actuel chef de l’État, dans un climat de tensions sécuritaires persistantes.
Une instabilité endémique
Ce nouvel épisode confirme l’extrême fragilité de l’appareil étatique burkinabè, continuellement mis à l’épreuve par les défis sécuritaires et les ambitions militaires. Alors que le pays fait face à une menace terroriste omniprésente, la résurgence des velléités putschistes complique davantage la transition vers une stabilité durable.
Les autorités appellent à l’unité nationale et à la vigilance citoyenne pour faire barrage aux forces hostiles à la paix. En attendant, l’opinion publique reste en alerte, entre inquiétude et lassitude face à la répétition d’un scénario devenu tristement familier.