samedi, avril 26, 2025
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Brice Laccruche Alihanga :  La gloire, la chute et la grâce

Il fut l’homme le plus puissant du Gabon après le président Ali Bongo Ondimba. Brice Laccruche Alihanga, ex-directeur de cabinet du chef de l’État de 2017 à 2019, dirigeait le pays avec brio et admiration et d’un verbe tranchant. Il ne se contentait pas d’exécuter les ordres : il donnait le ton, imposait la cadence, façonnait les destins. À travers l’Association des jeunes émergents volontaires (AJEV), il avait construit un empire politique parallèle, tentaculaire, omniprésent, omnipotent. Ministres, hauts fonctionnaires, opérateurs économiques : tous faisaient la file devant son bureau. On l’appelait « le vrai président ». Il nommait, révoquait, punissait et récompensait. Le pouvoir était son royaume. L’État, son terrain de jeu. Mais tout a basculé. 

En décembre 2019, il fut arrêté, victime d’une purge brutale orchestrée par ceux-là mêmes qu’il servait avec zèle. Accusé de détournements et de corruption dans le cadre de l’« Opération Scorpion », il a passé près de quatre années derrière les murs de la prison centrale de Libreville. Un empire s’est effondré. Un homme a été brisé. 

Et lorsqu’il sort, ce n’est pas la liberté qu’il trouve. C’est un autre ennemi, plus sournois, plus cruel : le regard des autres, ceux-là à qui il donnait tout ou presque. 

La nuit de l’âme : entre prière, douleur et espérance

Aujourd’hui, Brice Laccruche Alihanga n’est plus le maître d’hier. Il est un homme meurtri, affaibli, à genoux devant Dieu, les yeux tournés vers le ciel. 

Sur sa page Facebook, il ne parle plus de pouvoir, mais de pardon. Il n’invoque plus la République, mais l’Éternel. Le 18 avril, il écrit, sobrement, comme un cri du cœur silencieux : « Jérémie 31:17 “Il y a de l’espérance pour ton avenir, dit l’Éternel ; tes enfants reviendront dans leur territoire.” Paix et grâce à tous. » 

Deux jours plus tard, le 21 avril, jour de Pâques, dans une prière empreinte de foi et de lumière : « En ce jour où le monde célèbre la victoire de la vie sur la mort, je prie que chacun d’entre vous expérimente la puissance de la résurrection de Jésus-Christ… » Quel retournement ! L’homme d’autorité devenu homme de foi. L’ancien geôlier du pouvoir devenu pèlerin de Dieu. 

Doit-on se réjouir de ses souffrances ? Doit-on tourner le dos à celui qui demande grâce ? Non. Car Brice Laccruche Alihanga est aussi un fils du Gabon. Il a connu la gloire, il a connu l’excès — mais n’a-t-il pas aussi fait le bien ? N’a-t-il pas offert, soutenu, élevé certains ? À l’heure où il tend la main, nous devons lui offrir le pardon.
Car l’homme brisé peut devenir un homme nouveau. Pâques est la fête de la résurrection. Et peut-être… la renaissance de BLA.

Seul au sommet, seul dans la vallée

Mais que reste-t-il, lorsque les projecteurs s’éteignent ? Autour de lui, le vide. Le silence. La trahison. Où sont passés les Justin Ndoundangoye, Ike Ngouoni Aila Oyouomi, Christian Patrichi Tanasa Mbadinga, Noël Mboumba, Julian Engongah Owono, Geaurge Ndemengane Ekoh, Hermann Kamonomono, Tony Ondo Mba, Renaud Allogho Akoué ? Tous ces hommes qu’il a protégés, hissés, enrichis ? Où sont les ministres qui, hier encore, se prosternaient à ses pieds pour une nomination, un décret, une faveur ? Ils ont disparu. Comme une brume après la pluie.

Tel est le destin de ceux qui touchent au sommet : ils tombent seuls.

À travers lui, c’est un avertissement que l’histoire envoie au président Brice Clotaire Oligui Nguema. Aujourd’hui, les vivats et les courbettes abondent. Mais demain ? Où seront-ils tous, quand viendra le jour de l’épreuve ?

Les trahisons naissent souvent des faveurs. Et les silences sont parfois les cris les plus cruels. Brice Laccruche Alihanga a dominé, il a chuté et, aujourd’hui, il cherche la lumière. Il est affaibli, isolé. Mais il reste un homme. Un fils. Un frère. Un Gabonais. Et il mérite notre regard. Il mérite notre pardon. Davantage même… notre prière. Son expérience des arcanes du pouvoir et de la vie, tout court, est utile pour une nouvelle République en construction. Il est notre propre miroir : Bla mérite, dans l’épreuve solitaire, d’être utile à son pays. Cela permet de lui remonter le moral, de se sentir vivre…

Au moins il retiendra, parmi tant d’autres leçons de la vie, celle-ci : le pouvoir sert à prendre les autres par la main et les faire grandir. 

GabonAlph24
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