dimanche, avril 27, 2025
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Présidentielle 2025 au Gabon : Le chef a (enfin) parlé

Il avait laissé la parole publique à ses adversaires depuis le déclenchement du processus électoral et la publication, en deux phases, de la liste des candidats à la présidentielle du 12 avril. Brice Clotaire Oligui Nguema a repris l’initiative de la communication cette semaine devant les caméras de la chaîne de télévision nationale, de TV5, de France 24 et devant le micro de Radio France Internationale. C’était plus pour éclairer sur ses positions et convictions que pour répondre à ses contradicteurs. Le timing de cette opération médiatique est judicieux. Nous sommes à quelques jours du lancement de la campagne électorale (ce samedi au stade de l’Amitié pour lui). Après un an et demi de silence, il devait trouver des réponses claires aux questionnements sur sa trajectoire et sur ses projets stratégiques, histoire de détruire les zones d’ombre artificiellement créées par ses détracteurs, les obligeant ainsi à trouver en urgence d’autres supputations pour reconstruire leurs discours.

Sortir des rangs de la grande muette pour devenir un tribun politique n’est pas une aventure aisée. L’exercice ne l’a, par conséquent, pas été pour Brice Clotaire Oligui Nguema. Il lui sera très certainement reproché ses trop longues prises de temps avant les réponses, ses phrases courtes et sèches, encore plus certainement son usage abusif de la première personne du singulier, pour mettre en avant le travail et les réalisations du CTRI depuis qu’il dirige le pays.

En plus de ne pas être particulièrement prolixe de nature, l’explication probable est à trouver dans le cursus professionnel de celui qui dirige le pays depuis le 30 septembre 2023. Le militaire ne sait pas broder quand il parle. Il a le propos bref et concis, qui donne plus de temps à l’action. En plus, le chef qu’il est rend compte des actions et des opérations de ses troupes en les personnalisant. C’est lui qui dirige. C’est lui qui est responsable des victoires et des défaites, et qui les assume. Les autres militaires le prennent comme ça. Ils font eux-mêmes comme ça. Or, il n’a jamais été que militaire.

En tirant les leçons de cette première expérience, il est évident que des correctifs doivent être apportés à la manière d’assurer son devoir de communication.

Brice Clotaire Oligui Nguema, un civil

Quoi qu’il en soit, des questions existaient avant cette première sortie, certaines pour embarrasser, d’autres pour éclairer. Elles ont toutes eu des réponses. Comme prélude, Brice Clotaire Oligui Nguema s’est déchaussé. Il a retiré ses bottes de Général. La démarche, a-t-il dit, suit le processus normal d’une parole donnée. Il avait promis, au lendemain du renversement de l’ancien régime, de rendre le pouvoir aux civils après la période de transition.

Il avait aussi dit rester à la disposition des Gabonais s’ils exprimaient un quelconque besoin envers sa personne. Ces Gabonais lui ont demandé de rester par des appels à candidatures et des marches de soutien. Pour leur répondre favorablement. Et comme il n’a jamais dit qu’il ne se présenterait pas, il s’est plié à l’exigence préalable de tomber sa vareuse, son camouflé et ses galons. L’ultimatum lancé de manière incessante aux militaires du CTRI de regagner leurs casernes, jusqu’à en faire un préalable électoral ne le concerne donc plus.

Voilà donc Brice Clotaire Oligui Nguema sans son rang de Général, qui se présente à la présidentielle, et qui balaie du revers de la main l’accusation de s’être ouvert un boulevard en écartant les potentiels candidats, qui auraient pu le battre ou, au moins, le contraindre à un second tour.

Certains avaient perdu leur possibilité de se présenter pour avoir dépassé la limite d’âge, comme l’exige la Constitution élaborée et votée par les Gabonais. D’autres n’ont simplement pas respecté la procédure en déposant des dossiers complets ou conformes. De tout ceci, il ne porte aucune responsabilité personnelle et s’en remet au strict respect de la loi. « Ce pays doit changer. Ce pays va changer« .

Sur trente-cinq ministres, cinq sont du PDG

Même si une apparence d’immobilisme, une impossibilité de changement ou même une volonté de prolonger le système des Bongo restent alimentées par la présence des membres du Parti démocratique gabonais (PDG) dans son entourage. Là aussi, la réponse est claire : il n’y a que cinq Pédégistes dans son gouvernement sur trente-cinq ministres. Et ils sont là par la volonté d’intégrer tous ceux qui partagent sa vision du pays, de la confection d’une nouvelle République. Associer toutes les bonnes volontés épargne de la dépendance d’un groupe de personnes.

Ainsi, ne crée-t-il aucun parti politique, qu’il préfère être porté par les Gabonais et non par un clan, et s’appuyer sur une plateforme de volontaires pour faire campagne. Et les indicateurs de confiance plaident pour lui.

Le chômage, qui était de 40% à sa prise de pouvoir, a diminué de 12%, du fait d’un pays en chantier, d’une remise en route des recrutements dans le service public et d’une politique volontariste de création d’emplois. L’immense dette, héritée comme lourd passif de l’ancien régime, s’éponge progressivement et de manière raisonnable. La confiance ainsi entretenue à l’intérieur du pays diffuse aussi à l’extérieur, d’autant qu’aucun pays ne s’est jamais développé tout seul, replié sur lui-même.

Sa politique n’est pas de suivre la mode de ceux qui pratiquent l’exclusion et les ruptures. Tout le monde est le bienvenu au Gabon, qui n’entretient que des relations d’État à État. Même la France, avec laquelle le Gabon est lié par les anciens accords de défense, quitte désormais le champ de la présence armée pour muer en pôle de formation sous-régional, avec des instructeurs français et gabonais à parité égale. Pas de rupture donc, mais une reformulation de la coopération.

Il faut laisser la justice faire son travail

Et la question qui devait venir arriva: le sort réservé à l’ancienne famille régnante. Nous apprenons qu’Ali Bongo n’est pas en résidence surveillée, qu’il peut aller où il veut et quand il le veut. Nous apprenons que de graves accusations criminelles pèsent, en revanche, sur son épouse et sur son fils qui exigent des enquêtes approfondies dont la durée peut aller jusqu’à deux ans, conformément au Code gabonais de procédure pénale. Nous apprenons qu’aucun des deux n’a été victime de tortures, contrairement aux affirmations de leurs avocats, puisque les diplomates français leur rendent visite régulièrement et qu’ils peuvent l’attester.

Nous apprenons, enfin, que de lourdes preuves de culpabilité sont détenues contre eux par l’Instruction, dont un tampon qui aurait servi à valider, de manière illicite, des actes de la République.

Dans tous les cas, Brice Clotaire Oligui ne veut pas et n’a pas la capacité d’intervenir dans une procédure judiciaire en cours. Il demande, avec insistance, de « laisser la Justice faire son travail » et assure qu’ils auront droit à un procès équitable.

On notera, pour finir, que les relations personnelles entre la radio française RFI et le président déchu ont, parfois, donné à l’interview un air d’accusation sur la base d’informations vieilles ou erronées. Tout comme dans l’ensemble, les questions contenaient un relent d’inquiétude à apaiser sur les futures relations avec la France, au regard de la dégradation générale qu’elle accuse, parfois avec humiliation, dans son ancien pré-carré.

Brice Clotaire Oligui Nguema a adopté une position de distance et de singularité. Ni copiste, ni obligé, il s’est défini comme président d’un État libre de ses choix stratégiques et des partenaires qui doivent l’accompagner utilement vers son développement. Il ne pouvait pas faire mieux.

GabonAlph24
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